Le Fordisme

Le fordisme désigne le modèle d’organisation de la production développé par Henry Ford dans ses usines automobiles au début du XXe siècle. Cette approche a profondément marqué l’histoire de l’industrie mondiale.

Henry Ford, fondateur de la Ford Motor Company, est à l’origine de cette révolution industrielle. Dès 1903, il cherche à concevoir une automobile simple, fiable et surtout accessible au plus grand nombre. Pour y parvenir, il s’appuie sur les principes de l’organisation scientifique du travail développés par Frederick Taylor, son contemporain.

La standardisation et la chaîne de montage

Le fordisme repose sur deux piliers principaux :

  1. La standardisation des pièces et du produit final. Ford conçoit la Ford T, un modèle unique mais décliné en de nombreuses versions. Cela permet des économies d’échelle dans la production.
  2. L’introduction de la chaîne de montage. Inspiré des chaînes de découpe de la viande dans les abattoirs, Ford met en place une ligne d’assemblage où chaque ouvrier effectue une tâche précise et répétitive. Cela accroît considérablement la productivité.

Ces innovations techniques s’accompagnent d’une organisation du travail très rigoureuse, basée sur la « parcellisation des tâches » (subdivision du travail en tâches de plus en plus élémentaires) et un contrôle accru des ouvriers.

Gains de productivité et consommation de masse

Les gains de productivité générés par le fordisme sont impressionnants. Ainsi, le temps de fabrication d’un modèle T passe de 12h28 à 1h33 entre 1913 et 1914. Cela permet à Ford de baisser drastiquement les prix de vente, rendant l’automobile accessible à la classe ouvrière.

Pour soutenir cette production de masse, Ford met en place une politique salariale innovante. Il double les salaires de ses ouvriers, les portant à 5$ par jour. Cela a pour objectif de stimuler la consommation et d’écouler la production toujours plus importante.

Le fordisme inaugure ainsi l’ère de la consommation de masse, où la production, la performance industrielle et la consommation sont intimement liées.

Limites et critiques du fordisme

Malgré ses succès, le fordisme comporte certaines limites. La répétition des tâches engendre un travail monotone et aliénant pour les ouvriers. De plus, le système est rigide et peu adapté à la diversification de la production. Plus largement, le fordisme est critiqué pour sa déshumanisation du travail et son impact négatif sur les travailleurs.

Le fordisme marque néanmoins profondément l’histoire économique du XXe siècle. Ses principes, conjugués à l’intervention étatique keynésienne, permettent l’essor des « Trente Glorieuses » dans les pays occidentaux. Mais face à la crise des années 1970, ce modèle montre ses limites et laisse place à de nouveaux paradigmes, comme le Lean Manufacturing de Taiichi Ohno.